Ce jour là, la route vers Nedmor était déserte... Même le soleil n'avait pas osé y poser le pied. Des nuages s'étaient entassés pendant la nuit précédante et une pluie, bien que légère, embêtait les gens les plus lâches et les contraignait à rester cloitrés. Un cheval avançait péniblement sur la route, une personne montée sur celui-ci et une autre, le tirant par les reines, marchant à ses côtés.
La pluie s'était intensifiée quelque peu, forçant les quelques courageux qui restaient au dehors à rentrer chez eux. Les deux voyageurs continuaient inlassablement leur voyage, bien que leur mine semblait bien basse. Ils arrivèrent bientôt aux premières fermes qui entouraient la majestueuse ville de Nedmor. Plusieurs fermiers les regardaient, de leur fenêtre, avancer péniblement en direction de Nedmor, installés bien au chaud dans leur demeure.
Un fermier eût l'audace de sortir malgré la pluie et alla, en courrant, à leur rencontre. Les deux voyageurs portaient des manteaux de voyage, leur capuchon remonté, ne laissant pas entrevoir leur visage à une certaine distance. L'homme s'arrêta devant eux et leur dit:
Dites donc, il vous faut être cinglés pour voyager avec un tel climat! Vous m'avez l'air en piteux état, entrez pour vous réchauffer et attendez que le ciel s'appaise avant de reprendre votre route. Il vous en reste pour une heure encore avec ce temps de chien avant d'arriver à Nedmor!
L'homme qui tirait le cheval ne le regarda même pas, même qu'il baissa la tête...
Votre hospitalité est bien trop grande pour deux pauvres voyageurs, dont vous ne connaissez rien. Écartez-vous, on ne mérite ni votre hospitalité ni votre amitié. Nous sommes ici... pour réparer les actes du passé...
Le fermier fut intrigué par un tel refus... non seulement de refuser son hospitalité mais de cacher ainsi son visage. Il se pencha, rapprochant son visage du sol afin de voir celui du voyageur. Il le reconnut tout de suite.
Vous?! Mais... mais... que venez vous faire ici? Il le toisa un moment, ayant momentanément peur pour sa vie, puis il ne vit aucune réaction, le rassurant quelque peu. Il se tourna vers un groupe de personne qui était sorti pour mieux les observer et leur lança: Ce sont des exilés! Le vieux salopard de Melgath!!!
Il se tourna vers l'exilé et lui cracha au visage. Melgath recula la tête quelque peu sous l'insulte, mais il baissa la tête et continua. Des gens lancèrent des oeufs, des pommes de terre ou d'autres aliments pourris en leur direction, certains le frappant violemment sur la tête... Mais peu importait les insultes, menaces ou punitions que l'on pouvait lui infliger, ils savait qu'il avait fait bien pire avec eux peu de temps auparavant...
Les paysans révoltés, de plus en plus nombreux, et leur indignation suivirent les deux voyageurs jusqu'aux portes de Nedmor.