« Ce nuage doit avoir une fin », pensais-je, tandis que je m’efforçais de découvrir les tâches de sang sur les pierres et sur les arbres du chemin. Depuis presque une heure déjà la visibilité était très faible, et je continuais à prier pour éloigner la peur, attendant qu’un événement extraordinaire se produise.
Cerné par la brume, seul dans cette atmosphère irréelle, j avancais sur la route de Nedmor comme dans un rêve. Soudainement la forêt se fut de plus en plus silencieuse, et le brouillard commença à s’éclaircir nettement. Peut-être arrivais-je au bout, mais cette lumière me troublait la vue et peignait le paysage de couleurs mystérieuses et effrayantes.
Subitement, comme par magie, le brouillard fut totalement dissipé. Et devant moi, plantée au milieu de nul part, se dressait le royaume fortifié de Nedmor.
Je frappais énergiquement sur la porte surveillée par deux gardes puissamment armés et cria:
« Je suis éox, guerrier de lumière, ouvrez-moi sur le champ gardes, je veux me rendre à l'intérieur de la ville ».
– « Allez-vous-en, ici il n’y a pas de place pour deux », dit l'un deux.
Surpris par la réponse du garde, je frappais plus violemment encore.
« Que voulez-vous donc »? redemanda un des gardes.
– « C’est toujours moi », répondis-je sèchement.
« Mais pourquoi refusez-vous de m'ouvrir » !
– « Car ici il n’y a pas de place pour deux », répondit l'autre garde.
« Ces hommes sont fous » me dis-je, tournant pensif devant l'entrée de la cité. Brusquement je m'arrêtais net dans ma ronde car j'avais compris mon erreur et frappais une dernière fois, avec précaution, sur cette maudite porte.
« Qui êtes-vous »? demanda un garde.
- « Un sujet du Roi Galoregor ».
Et la porte s'ouvrit...